
Le Criquet N°284 - Un requiem bien mystérieux
Voici mon dernier rédactionnel paru dans le Criquet magazine N°284 de mars 2025 en page 4.
Un requiem bien mystérieux
Compositeur de génie, Mozart a marqué fortement son époque et reste aujourd’hui l’un des plus écoutés dans le répertoire classique. Né à Salzbourg en 1756, il n’aura vécu que 35 ans, et pourtant, nombre de ses œuvres sont des monuments indétrônables dans l’histoire de la musique. Une de ses dernières œuvres, son célèbre Requiem, reste teintée de mystère et de légendes. Tout a commencé en juillet 1791 lorsqu’un homme entièrement vêtu de noir et portant un masque gris vint frapper à la porte de Mozart. Le mystérieux messager indiqua être envoyé par son maître pour proposer au célèbre compositeur une rétribution très avantageuse sur la commande d’une messe des morts. Après avoir consulté sa femme Constance, Mozart, qui se débattait avec des difficultés financière et des ennuis de santé accepta. Le messager exigea comme condition de ne jamais chercher à savoir qui était le maître commanditaire. Mozart mourut quelques mois plus tard en laissant inachevée la partition de cette œuvre majeure et emblématique. On sait aujourd’hui que le mystérieux messager était Franz Anton Leitgeb, valet du comte Franz von Walsegg-Stuppach. Ce dernier, adepte des supercheries, espérait utiliser le Requiem de Mozart en le reprenant à son compte, pour célébrer sa femme défunte Anna. On raconte que lors de la répétition qui eut lieu la veille de sa mort, Mozart fondit en larme à la huitième mesure du Lacrimosa, resté à l’état d’ébauche, devinant que ce serait ses dernières lignes. Il fit alors venir son élève Franz Xaver Sussmayr, et lui donna nombre d’indications afin de terminer le Requiem. Mozart fut enterré dès le lendemain dans une fosse commune à Vienne. Constance, la femme de Mozart, craignant que le commanditaire ne paie pas la totalité de la commande inachevée demanda à un autre élève de Mozart Joseph Eybler, de terminer l’œuvre. Ce dernier après quelques ajouts, transmit le requiem à Franz Xaver Sussmayr, pour y ajouter quelques mouvements et le terminer en contrefaisant l’écriture de Mozart pour tromper le commanditaire qui n’y vit que du feu. Cette œuvre sublime est écrite pour quatre solistes (soprano, alto, ténor et basse), un chœur et un orchestre symphonique auquel Mozart a retiré tous les instruments à vent aigus jugés trop joyeux. Il voulait son œuvre sobre et calme devant la mort.
Olivier Mesnier, Professeur de guitare et musicien