
Le Criquet N°285 - Stairway To Heaven ou la naissance d'un chef d'œuvre
Voici mon dernier rédactionnel paru dans le Criquet magazine N°285 d’avril 2025 en page 4.
Stairway To Heaven ou la naissance d’un chef d’œuvre
Une des œuvres majeures de l’histoire du rock ; numéro 1 dans la liste des dix plus grandes chansons du magazine Classic Rock. Un titre audacieux de plus de huit minutes qui pourtant ne sortira jamais en single : Stairway to Heaven va à l’encontre de tous les codes de cette époque. Ce titre issu du quatrième album de Led Zeppelin – un disque sans aucun titre ni nom – “cristallise l’essence du groupe […] à son sommet” d’après Jimmy Page (le guitariste de Led Zeppelin). L’histoire de ce morceau commence au printemps 1970, lorsque le chanteur et le guitariste du groupe partent se ressourcer dans les montagnes du Pays de Galles, après leur cinquième tournée américaine. De retour chez lui, Page reprend la composition et les idées abondent. Une première ébauche instrumentale est enregistrée en décembre 1970 à Londres. Mais c’est en janvier 1971, à Headley Grange, un ancien hospice du Hampshire, que prend forme ce chef d’œuvre absolu. Un soir, alors que Jimmy Page et Robert Plant (le chanteur du groupe) échangent ensemble diverses idées devant la cheminée, Plant se met à écrire soudain d’un trait le premier couplet. La suite des paroles vient dans la foulée puisant tour à tour dans les mythes, l’histoire, le sacré et la philosophie. Ce poème épique est une sorte de parcours initiatique qui conte une héroïne, apparaissant au début comme matérialiste et sûre d’elle-même. Si riche qu’elle pense pouvoir s’acheter un escalier pour le paradis. Au cours des sept couplets, les certitudes s’effacent, pour aboutir à la fin à un choix cornélien devant deux routes contraires. Alors, en face d’elle, dit la chanson, lui apparait “une femme brillant d’une lumière blanche”, qui est son exact contraire et sait comment transformer toute chose en or. Page joue le morceau à John Paul Jones (le bassiste) qui s’empare d’une flûte à bec basse pour l’intro et d’un piano pour les couplets. La batterie de John Bonham n’arrive qu’au milieu du morceau avec un groove remarquable, qui transforme le tout en coup de génie. Sans parler du si célèbre solo de guitare que Jimmy Page, après de multiples essais, mettra plusieurs jours à composer. Après la mort du batteur en 1980 et la séparation de Led Zeppelin, Robert Plant refusera d’interpréter cette chanson, sauf à de très rares exceptions.
Olivier Mesnier, Professeur de guitare et musicien